Sofiane BRIKI se livre dans une interview passionnante. Le jeune basketteur nous présente son parcours depuis ses débuts en Baby à l’ASVEL, son passage au Pôle Espoirs du Lyonnais, son intégration au Centre Fédéral de l’INSEP et ses objectifs avec l’Équipe de France U16.
Sofiane, peux-tu nous présenter ton parcours ?
Je suis né au Havre puis nous sommes arrivés à Lyon avec ma famille lorsque j’avais 3 ans. Mon premier et unique club a été l’ASVEL, et ce depuis la catégorie Baby. J’ai pris ma licence à l’ASVEL car c’était le club du quartier dans lequel je vivais. Je ne savais même pas que c’était un des clubs les plus titrés en France car ma famille ne baignait pas dans le milieu du basket. J’ai joué durant toutes mes années de jeunes là-bas puis j’ai intégré le Pôle Espoirs du Lyonnais de Benjamins 2ième année à Minimes 2ième année. J’ai rejoint cette année le Centre Fédéral et été conservé pour la saison prochaine. C’est donc une bonne nouvelle mais le chemin est encore long. Je suis d’ailleurs toujours en convention avec l’ASVEL et à ma sortie de l’INSEP, je retournerai évoluer sous la tunique verte à Villeurbanne.
Que t’a apporté le Pôle Espoirs dans ta formation ?
Quand je suis arrivé au Pôle Espoirs, je ne savais pas m’entrainer. C’est la première remarque qui m’a été faite. Dès qu’un entraineur avait le dos tourné, nous nous amusions avec les copains, on shootait de n’importe quelle partie du terrain et nous avons donc beaucoup travaillé sur le plan individuel ainsi que dans la rigueur. Cela m’a énormément aidé à progresser.
D’autre part, le Pôle Espoirs est ce qui se fait de mieux dans la région. La première année, nous nous entrainions avec les meilleurs joueurs qui avaient un an de plus que nous donc c’était physiquement très dur mais cela nous a aidé à devenir meilleurs. La deuxième année était plus axée sur l’approfondissement des fondamentaux.
Quelle est la différence majeure entre l’INSEP et le Pôle Espoirs ?
Je pense que c’est la dimension médiatique. A l’INSEP, tout le monde te connaît, suit et évalue tes performances. A chaque match, tu es observé. Au niveau basket, le jeu est beaucoup plus physique, va plus vite. Nous nous entrainons avec les Juniors qui sont plus techniques et ont une meilleure vision du jeu. Cela nous fait donc progresser plus rapidement. Au Pôle, nous avions pour habitude de nous entrainer une fois par jour, à l’Insep nous nous entrainons 2 fois par jour avec des séances intenses.
Cela ne t’a pas un peu perturbé de partir du Pôle Espoirs où tu étais l’un des meilleurs joueurs et de te retrouver à l’Insep ou tu n’évolues qu’avec les meilleurs ?
C’est vrai que cela a été un petit peu difficile au début car quand j’évoluais en Minimes France, j’avais souvent la balle entre mes mains, des systèmes étaient faits pour moi, j’étais libre. A l’INSEP, c’est beaucoup plus cadré. Il faut que je joue pour mes coéquipiers, surtout à mon poste de meneur de jeu. Quand on vise à être le meilleur, cela passe par le fait de s’entrainer et de se confronter aux meilleurs car c’est le meilleur moyen de le devenir.
Comment concilier études et basket quand on est sur les terrains quasiment toute la semaine ?
Concernant mon projet scolaire, j’ai décidé de m’orienter vers une filière technologique en préparant un bac STMG. J’ai quelques facilités à l’école mais il faut quand même travailler et réussir à trouver le bon rythme et surtout ne pas se reposer sur ses acquis.
As-tu un joueur modèle auquel tu t’identifies pour progresser ?
Je m’identifie souvent à Timothé Vergiat, c’était un peu mon mentor à mes débuts à l’INSEP car il était issu du Pôle Espoirs du Lyonnais et me donnait de précieux conseils. Il a bien réussi à l’INSEP donc j’essaie de me calquer sur lui.
Sinon Kobe Bryant est mon idole absolue. J’essaye d’avoir la même mentalité de gagneur, la même éthique de travail. J’aime bien aussi Tony Parker même si nous n’avons pas les mêmes caractéristiques ainsi qu’Antoine Diot qui est passé par le Pôle Espoirs du Lyonnais. Les éducateurs nous parlaient souvent de lui. Sa carrière internationale nous fait rêver et on espère suivre ses pas.
Comment s’est passé le Jordan Brand Camp à Zagreb en mars dernier? (rassemblement des 40 meilleurs joueurs européens âgés de 15 et 16 ans) ?
C’était une superbe expérience de travailler avec des coachs américains car ils sont tout le temps à fond, à nous pousser dans nos derniers retranchements. On avait l’impression qu’ils jouaient eux-mêmes leurs places donc c’était assez impressionnant au début. Quand on joue avec les meilleurs, on ne peut que progresser. J’ai d’ailleurs l’impression d’avoir extrêmement gagné en maturité en seulement 2 jours de camp.
Tu n’es trop déçu de ne pas avoir été sélectionné pour le camp Brooklyn ?
Je le suis forcément un peu mais c’est un échec qui, je l’espère va me servir de tremplin pour la suite. S’ils ne m’ont pas sélectionné aujourd’hui, cela veut dire qu’il faut que je travaille encore plus afin d’être choisi la prochaine fois.
Est-ce une fierté pour toi d’avoir été reconnu comme un des 40 meilleurs joueurs européens ?
C’est une fierté bien sûr mais personnellement je ne me contente pas de cela. J’aurai voulu aller à Brooklyn comme mes coéquipiers Yves Pons et Jaylen Hoard. Nous sommes en U16 et le chemin est encore long avant de réussir une carrière professionnelle. Il faut donc continuer à travailler.
Tu portes le maillot Bleu depuis deux ans déjà, quel est le moment le plus fort que tu aies vécu avec ce groupe France ?
Sans aucun doute le tournoi en Turquie en janvier dernier. Même si nous avons perdu contre le pays hôte en demi-finale, ce match m’a marqué car il y avait beaucoup d’intensité. Les Turcs nous sont rentrés dedans et ce match m’a vraiment servi de tremplin pour continuer à progresser sur certains aspects techniques et tactiques du jeu.
Quel est ton rôle au sein de cette équipe ?
Je suis un joueur en sortie de banc qui doit apporter de l’énergie à mes coéquipiers quand je rentre et qui doit faire jouer les autres. Notre philosophie de jeu est « Défendre et Courir » donc j’essaie de l’appliquer afin d’obtenir des résultats.
Au Centre Fédéral, tu commences certains matchs dans le 5 et d’autres fois sur le banc, n’est-ce pas un peu déroutant ?
Je pense qu’il faut s’adapter, si le coach préfère mettre un autre joueur dans le 5 pour gagner, il faut respecter ses choix. J’ai envie de gagner chaque match donc je m’adapterai et donnerai tout en sortie de banc pour aider mes coéquipiers.
Le Championnat d’Europe arrive à grands pas puisqu’il se tiendra début août à Kaunas en Lituanie. Quel objectif vous êtes-vous fixés ?
Être champions d’Europe comme nos aînés de la génération 98 ! Ils nous taquinent de temps en temps en nous disant que nous n’y arriverons pas mais nous savons très bien que nous pouvons le faire. Il faut continuer à travailler car remporter le titre européen est notre objectif. Tout autre résultat sera considéré comme un échec.
Quels sont vos principaux adversaires pour le titre européen ?
La Turquie nous a mis 20 points en janvier dernier et c’est la seule équipe à nous avoir battu jusqu’à présent. L’Espagne nous avait également dominé en U15 et toutes les équipes restent dangereuses. Nous sommes dans la peau du favori car nous sommes tenants du titre.
Le Pôle Espoirs du Lyonnais sera bien représenté la saison prochaine puisque Laureline Daresse (Le Coteau Basket) et Sixtine Macquet (FC Lyon) vont intégrer le Centre Fédéral. Quels conseils leur donnerais-tu ?
Il faut bien se préparer durant l’été car les deux premiers mois vont être très durs. Surtout ne jamais baisser les bras et rester positif car il y aura des moments de moins bien qu’il faudra surmonter. Bonne chance à elles.